Êtes-vous prêt à plonger dans l'abîme des ténèbres où la malveillance humaine se mêle à des horreurs inimaginables ? Dans cet épisode captivant de Dans l'ombre des légendes | Podcast Horreur Creepypasta Chandleyr, Charlie Bird Parker nous entraîne dan...
Êtes-vous prêt à plonger dans l'abîme des ténèbres où la malveillance humaine se mêle à des horreurs inimaginables ? Dans cet épisode captivant de Dans l'ombre des légendes | Podcast Horreur Creepypasta Chandleyr, Charlie Bird Parker nous entraîne dans une histoire terrifiante qui se déroule au cœur d'une scierie de Rouen, en Normandie. Suivez Julien, un jeune étudiant en ingénierie dont l'existence bascule lorsque des symptômes mystérieux commencent à le ronger de l'intérieur. Que se cache-t-il derrière cette maladie inexpliquée qui le consume ?
Alors qu'il lutte contre un empoisonnement insidieux au mercure, orchestré par son collègue malveillant, Marcel, la scierie se transforme en un véritable enfer chimique. Ce récit explore des thèmes poignants tels que la souffrance, la négligence médicale et les dangers invisibles qui nous entourent. Les ouvriers de l'usine sont frappés par une série de maladies mystérieuses, et la police se lance dans une enquête troublante pour découvrir la vérité. Chaque révélation est plus choquante que la précédente, culminant dans une conclusion qui vous laissera sans voix.
Dans cet épisode, vous découvrirez comment Dans l'ombre des légendes dévoile des histoires vraies effrayantes en podcast, abordant les légendes urbaines françaises audio et les récits de meurtres mystérieux en français. Avec une atmosphère oppressante et un ton sombre, cet épisode rappelle les pires cauchemars et nous pousse à réfléchir sur la fragilité de la vie. Les récits creepypasta et les enquêtes criminelles podcast français se mêlent ici pour créer une expérience immersive inoubliable.
Ne manquez pas cette occasion de découvrir un nouveau podcast horreur France qui vous tiendra en haleine. Chaque minute passée à écouter cet épisode vous plongera davantage dans les mystères non résolus de notre société, tout en vous confrontant aux horreurs qui se cachent derrière les murs de l'usine. Que vous soyez un amateur de récits d'horreur audio français ou un passionné de podcast suspense et horreur France, cet épisode de Dans l'ombre des légendes est fait pour vous.
Préparez-vous à être captivé par cette histoire palpitante, où chaque mot résonne comme un écho des souffrances humaines. Écoutez dès maintenant Dans l'ombre des légendes | Podcast Horreur Creepypasta Chandleyr et laissez-vous emporter par les frissons de l'horreur et les mystères qui hantent notre réalité.
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au coeur sombre de la normandie en france là où le vent charrie une odeur de rouille et de ruines depuis les usines d'élabré un jeune homme nommé julien laurent titubait dans une vie sur le point de se déchirer en lambeaux innommables c'était le juillet
2
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et l'air pesait lourd sur l'étendue industrielle de Rouen,
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saturée d'une promesse de pourriture.
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Julien,
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un étudiant en ingénierie de 23 ans aux yeux trop brillants pour le monde taché de crasse qu'il habitait,
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se tenait dans la salle de pose de la scierie des Crêpes,
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où il travaillait comme mécanicien.
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pendant ses congés d'été.
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Les néons bourdonnaient comme des mouches mourantes,
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projetant une lueur maladive sur le linoleum ébréché,
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00:00:44.886 --> 00:00:46.407
et les deux hommes assis à la table,
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00:00:46.847 --> 00:00:48.629
mâchant leurs sandwiches en silence.
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Ils étaient plus âgés,
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Henri,
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un homme sec dans la cinquantaine au visage taillé par des années de rancune,
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00:00:54.433 --> 00:00:55.054
et Marcel,
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une silhouette massive dont les yeux semblaient se vous transpercer pour contempler un abîme secret.
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Julien,
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toujours l'étranger,
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versa ses céréales dans un bol ébréché,
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le bruit des flocons résonnant comme une petite rébellion contre le silence.
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00:01:07.664 --> 00:01:08.385
silence oppressant.
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Il prit son carton de lait sans lactose dans le frigo commun,
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une nécessité pour son estomac fragile,
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et s'assit,
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esquissant un sourire qui resta sans réponse.
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L'air était vicié ici,
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00:01:18.553 --> 00:01:21.896
chargé d'une malveillance muette qui collait au mur comme une moisissure humide.
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00:01:22.336 --> 00:01:22.916
« Dure journée,
30
00:01:22.916 --> 00:01:23.157
hein ? »
31
00:01:23.497 --> 00:01:24.157
tenta Julien,
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00:01:24.378 --> 00:01:26.599
sa voix brisant le silence comme un os qui craque.
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00:01:26.820 --> 00:01:27.861
Marcel leva les yeux,
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son regard froid et reptilien,
35
00:01:29.842 --> 00:01:32.004
et haussa les épaules avant de replonger dans son repas.
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00:01:32.184 --> 00:01:32.404
Henri,
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00:01:32.564 --> 00:01:32.704
lui,
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00:01:33.205 --> 00:01:34.626
s'interrompit en pleine bouchée,
39
00:01:34.886 --> 00:01:36.828
une grimace tordant ses traits burinés.
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00:01:37.088 --> 00:01:37.528
« Pas bonne, »
41
00:01:37.808 --> 00:01:39.069
marmonna-t-il d'une voix rauque.
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00:01:39.469 --> 00:01:40.270
« La tête cogne.
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00:01:40.550 --> 00:01:41.610
L'estomac est en vrac.
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00:01:41.831 --> 00:01:43.491
J'ai l'impression de pourrir de l'intérieur. »
45
00:01:43.892 --> 00:01:45.052
Julien Ausha la tête,
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00:01:45.352 --> 00:01:46.713
mal à l'aise et incertain,
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00:01:46.973 --> 00:01:49.195
et enfourna ses céréales pour noyer son malaise.
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00:01:49.435 --> 00:01:51.156
Les deux hommes reprirent en leur silence,
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00:01:51.276 --> 00:01:53.217
et bientôt il s'échappa de la salle de pause,
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00:01:53.597 --> 00:01:56.218
le poids de leur regard pesant sur sa colonne vertébrale.
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00:01:56.358 --> 00:01:57.559
Mais quelques minutes plus tard,
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00:01:57.799 --> 00:02:00.561
alors qu'il se penchait sur une machine rouillée sur le sol de l'usine,
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00:02:01.021 --> 00:02:02.642
une douleur lui déchira l'abdomen.
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00:02:02.902 --> 00:02:03.282
Aiguë,
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00:02:03.502 --> 00:02:03.962
brûlante,
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00:02:04.022 --> 00:02:04.543
vivante,
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00:02:04.923 --> 00:02:06.024
il se plia en deux,
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00:02:06.264 --> 00:02:06.704
haletant.
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00:02:07.048 --> 00:02:10.430
Sa clé tombant de sa main pour heurter le béton dans un clangue métallique.
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00:02:10.851 --> 00:02:12.472
Une nausée monta comme une marée.
61
00:02:12.812 --> 00:02:13.973
Et il agrippa son ventre,
62
00:02:14.293 --> 00:02:15.434
l'esprit en ébullition.
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00:02:15.894 --> 00:02:16.995
Intolérance au lactose,
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00:02:17.035 --> 00:02:17.475
bien sûr,
65
00:02:17.535 --> 00:02:18.936
mais il avait utilisé son lait,
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00:02:19.236 --> 00:02:19.697
n'est-ce pas ?
67
00:02:20.177 --> 00:02:21.878
Il tituba jusqu'à la salle de pause,
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00:02:22.258 --> 00:02:23.899
ouvrit le frigo à la volée et le vit.
69
00:02:24.220 --> 00:02:24.780
Son carton,
70
00:02:25.140 --> 00:02:25.421
seul,
71
00:02:25.861 --> 00:02:27.262
intact de toute autre main.
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00:02:27.682 --> 00:02:29.884
La prise de conscience le frappa comme un point.
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00:02:30.204 --> 00:02:30.964
Pas de lactose,
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00:02:31.184 --> 00:02:31.705
pas d'erreur.
75
00:02:32.125 --> 00:02:33.406
Quelque chose d'autre le rongeait,
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00:02:33.646 --> 00:02:34.587
quelque chose de tordu.
77
00:02:34.887 --> 00:02:36.168
Il regagna à peine sa voiture.
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00:02:36.548 --> 00:02:38.349
Le monde vacillant dans une danse malade,
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00:02:38.689 --> 00:02:39.849
tandis qu'il filait chez lui,
80
00:02:40.309 --> 00:02:43.150
dans son petit appartement à l'ombre des flèches gothiques de Rouen.
81
00:02:43.450 --> 00:02:43.570
Là,
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00:02:44.090 --> 00:02:45.451
il vomit dans les toilettes,
83
00:02:45.851 --> 00:02:48.711
une bile noire et huileuse qui semblait s'agiter en touchant l'eau.
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00:02:49.072 --> 00:02:49.832
Quand il se releva,
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00:02:50.312 --> 00:02:51.172
s'essuyant la bouche,
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00:02:51.592 --> 00:02:52.893
une nouvelle horreur s'insinua.
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00:02:53.333 --> 00:02:54.433
Ses doigts picotaient,
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00:02:54.773 --> 00:02:55.793
puis s'engourdissaient,
89
00:02:56.114 --> 00:02:57.474
comme si la vie s'en écoulait.
90
00:02:57.714 --> 00:02:58.594
Il fléchit les mains,
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00:02:58.874 --> 00:02:59.354
désespéré,
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00:02:59.394 --> 00:03:00.755
mais la sensation s'étendait,
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00:03:01.135 --> 00:03:03.796
une mort froide et rampante grimpant le long de ses bras.
94
00:03:04.156 --> 00:03:04.556
« Maman ! »
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00:03:04.976 --> 00:03:06.256
murmura-t-il dans le téléphone,
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00:03:06.597 --> 00:03:08.417
sa voix tremblante comme celle d'un enfant.
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00:03:08.717 --> 00:03:09.437
« J'ai besoin de toi. »
98
00:03:09.818 --> 00:03:10.738
Deux semaines plus tard,
99
00:03:11.218 --> 00:03:13.179
Julien était prisonnier de son propre corps,
100
00:03:13.579 --> 00:03:17.100
une coquille se consumant dans un lit qui puait la sueur et le désespoir.
101
00:03:17.560 --> 00:03:18.701
Sur les conseils de sa mère,
102
00:03:19.041 --> 00:03:21.221
il avait vu un médecin qui avait balayé ses plaintes.
103
00:03:21.601 --> 00:03:22.282
Surmenage,
104
00:03:22.582 --> 00:03:23.242
rien de plus,
105
00:03:23.582 --> 00:03:26.783
lui prescrivant des vitamines qui ne faisaient que se moquer de sa souffrance.
106
00:03:27.003 --> 00:03:29.104
Les picotements avaient envahi ses avant-bras.
107
00:03:29.304 --> 00:03:31.325
Et la nausée était une compagne constante,
108
00:03:31.425 --> 00:03:33.065
une sensue aspirant sa volonté.
109
00:03:33.345 --> 00:03:33.865
Ce matin-là,
110
00:03:33.905 --> 00:03:34.966
il avait décidé de lutter,
111
00:03:35.346 --> 00:03:35.906
se doucher,
112
00:03:36.006 --> 00:03:36.366
manger,
113
00:03:36.446 --> 00:03:37.927
reprendre un semblant de normalité.
114
00:03:38.247 --> 00:03:39.687
Mais en titubant vers la salle de bain,
115
00:03:40.147 --> 00:03:41.188
ses jambes le trahir,
116
00:03:41.608 --> 00:03:43.588
se dérobant comme des brindilles cassantes,
117
00:03:43.908 --> 00:03:45.129
il s'accrocha au chambranle,
118
00:03:45.209 --> 00:03:46.029
puis s'effondra,
119
00:03:46.569 --> 00:03:47.589
rampant jusqu'à son lit,
120
00:03:48.010 --> 00:03:49.730
les ongles griffant le plancher,
121
00:03:50.250 --> 00:03:51.971
bête blessée se traînant pour mourir.
122
00:03:52.411 --> 00:03:53.331
Sa mère le trouva là,
123
00:03:53.771 --> 00:03:54.652
pâle et tremblant,
124
00:03:54.912 --> 00:03:56.092
et le conduisit à l'hôpital.
125
00:03:56.612 --> 00:04:00.314
Une neurologue aux yeux perçants et à l'esprit acéré examina son corps en déroute.
126
00:04:00.514 --> 00:04:01.975
Elle l'interrogea sur les drogues,
127
00:04:02.315 --> 00:04:03.536
les blessures à la tête,
128
00:04:03.896 --> 00:04:05.297
les malédictions familiales,
129
00:04:05.677 --> 00:04:06.498
rien ne collait.
130
00:04:06.918 --> 00:04:11.320
Elle piqua ses bras et il ne sentit rien d'autre que le vide bourdonnant qui avait englouti ses nerfs.
131
00:04:11.680 --> 00:04:12.901
Ses réflexes étaient lents,
132
00:04:13.241 --> 00:04:15.022
ses yeux vitreux sous sa lampe stylo.
133
00:04:15.623 --> 00:04:16.323
« Inflammation,
134
00:04:16.463 --> 00:04:16.903
dit-elle,
135
00:04:17.303 --> 00:04:18.564
la voix tendue par l'effroi.
136
00:04:19.024 --> 00:04:19.405
Cerveau,
137
00:04:19.845 --> 00:04:20.545
moelle épinière,
138
00:04:20.865 --> 00:04:23.447
quelque chose vous attaque de l'intérieur. »
139
00:04:25.688 --> 00:04:27.910
Agneau ligotait sur l'autel d'un massacre inconnu.
140
00:04:28.470 --> 00:04:29.291
Six jours plus tard,
141
00:04:29.631 --> 00:04:31.692
la neurologue revint dans sa chambre et se figea.
142
00:04:32.213 --> 00:04:33.133
Julien Gisela,
143
00:04:33.614 --> 00:04:35.095
parodie grotesque de lui-même,
144
00:04:35.415 --> 00:04:36.436
flasque gonflée,
145
00:04:36.856 --> 00:04:38.397
son visage un masque boursouflé,
146
00:04:38.878 --> 00:04:41.680
ses yeux fixant un néant que personne d'autre ne pouvait voir.
147
00:04:42.100 --> 00:04:44.081
Les scanners avaient confirmé l'inflammation,
148
00:04:44.502 --> 00:04:47.083
un incendie ravageant son cerveau et son tronc cérébral.
149
00:04:47.604 --> 00:04:49.485
Mais aucune infection ne l'expliquait.
150
00:04:49.965 --> 00:04:50.526
Auto-immun,
151
00:04:50.626 --> 00:04:51.286
supposa-t-elle,
152
00:04:51.727 --> 00:04:53.268
mais les médicaments qu'elle lui injecta
153
00:04:53.704 --> 00:04:56.170
« Était aussi inutile que des prières à un dieu sourd.
154
00:04:56.471 --> 00:04:57.333
Comment vous sentez-vous ? »
155
00:04:57.694 --> 00:04:59.198
demanda-t-elle en touchant son épaule.
156
00:05:00.100 --> 00:05:00.520
bascula,
157
00:05:01.001 --> 00:05:03.923
ses yeux roulant en arrière pour révéler des blancs injectés de sang.
158
00:05:04.163 --> 00:05:04.863
Et il croassa.
159
00:05:05.404 --> 00:05:05.784
Bouche,
160
00:05:06.224 --> 00:05:06.704
métal.
161
00:05:07.185 --> 00:05:08.205
Elle cligna des yeux.
162
00:05:08.746 --> 00:05:08.946
Goût,
163
00:05:09.266 --> 00:05:09.446
oh !
164
00:05:09.887 --> 00:05:10.867
un goût métallique,
165
00:05:11.247 --> 00:05:11.828
un indice,
166
00:05:12.048 --> 00:05:14.029
un fil dans la tapisserie cauchemardesque,
167
00:05:14.430 --> 00:05:16.571
mais qui ne menait nulle part où elle pouvait le suivre.
168
00:05:16.931 --> 00:05:19.473
Elle lui tendit un gobelet et il tenta de boire.
169
00:05:19.733 --> 00:05:21.254
Mais l'eau coula sur son menton,
170
00:05:21.634 --> 00:05:25.737
tâchant sa blouse d'un filet scintillant qui semblait pulser faiblement dans la pénombre.
171
00:05:25.937 --> 00:05:28.139
Elle le transféra dans un hôpital universitaire,
172
00:05:28.539 --> 00:05:29.920
espérant que des spécialistes pourront le faire.
173
00:05:29.960 --> 00:05:31.982
perceraient le voile qu'elles ne pouvaient traverser.
174
00:05:32.422 --> 00:05:34.063
Mais eux aussi furent déconcertés,
175
00:05:34.444 --> 00:05:37.026
alors que ses reins et son foie commencèrent à lâcher,
176
00:05:37.526 --> 00:05:39.988
organes pourrissant dans une enveloppe encore vivante.
177
00:05:40.348 --> 00:05:41.049
En septembre,
178
00:05:41.469 --> 00:05:43.551
Julien n'était plus qu'un fantôme dans le commun,
179
00:05:43.991 --> 00:05:45.373
son corps un champ de bataille,
180
00:05:45.653 --> 00:05:48.075
où quelque chose d'ancien et vorace se repaissait.
181
00:05:48.235 --> 00:05:49.756
La plupart des médecins abandonnèrent,
182
00:05:50.156 --> 00:05:52.959
le soignant comme des jardiniers élagants un arbre mourant.
183
00:05:53.219 --> 00:05:53.959
Mais l'un d'eux,
184
00:05:54.220 --> 00:05:56.021
un homme émacié au regard fiévreux,
185
00:05:56.482 --> 00:05:57.582
refusa de capituler.
186
00:05:57.843 --> 00:05:59.384
Il fouilla les revues médicales.
187
00:05:59.692 --> 00:06:01.193
traquant les murmures de l'obscur,
188
00:06:01.734 --> 00:06:02.995
jusqu'à ce qu'il le trouve,
189
00:06:03.215 --> 00:06:04.576
un cas vieux de décennie,
190
00:06:05.036 --> 00:06:08.019
des symptômes reflétant ceux de Julien dans un défilé grotesque,
191
00:06:08.379 --> 00:06:08.920
crampes,
192
00:06:09.200 --> 00:06:09.940
engourdissements,
193
00:06:10.341 --> 00:06:11.482
gonflements cérébrales,
194
00:06:11.842 --> 00:06:12.622
goûts métalliques,
195
00:06:12.983 --> 00:06:14.124
défaillance des organes,
196
00:06:14.564 --> 00:06:17.767
une maladie si rare qu'elle n'avait frappé que trois fois en un siècle,
197
00:06:18.147 --> 00:06:19.628
un test sanguin le confirma,
198
00:06:20.068 --> 00:06:22.210
et le triomphe du médecin se mua en horreur,
199
00:06:22.731 --> 00:06:23.852
Julien n'était pas malade,
200
00:06:24.192 --> 00:06:25.053
il était empoisonné,
201
00:06:25.553 --> 00:06:27.775
du mercure à des doses défiant la raison,
202
00:06:28.175 --> 00:06:29.156
coulait dans ses veines,
203
00:06:29.436 --> 00:06:30.577
Ce n'était pas un accident,
204
00:06:30.997 --> 00:06:31.897
c'était un meurtre,
205
00:06:32.298 --> 00:06:33.098
lent et délibéré,
206
00:06:33.578 --> 00:06:35.639
et cela signifiait que d'autres étaient en danger.
207
00:06:36.060 --> 00:06:37.080
La police déferla,
208
00:06:37.540 --> 00:06:40.082
déchirant la vie de Julien comme des vautours sur une charogne.
209
00:06:40.242 --> 00:06:41.443
Ils interrogèrent sa famille,
210
00:06:41.803 --> 00:06:42.423
ses amis,
211
00:06:42.623 --> 00:06:44.644
les drones de l'usine qu'ils connaissaient à peine.
212
00:06:44.864 --> 00:06:47.126
Des équipes médico-légales balayèrent son appartement,
213
00:06:47.546 --> 00:06:48.146
la scierie,
214
00:06:48.606 --> 00:06:50.127
même le frigo de la salle de pause,
215
00:06:50.467 --> 00:06:51.428
cherchant la source.
216
00:06:51.868 --> 00:06:52.188
Rien.
217
00:06:52.729 --> 00:06:54.670
Julien persistait dans son état végétatif,
218
00:06:55.130 --> 00:06:55.790
cri muet,
219
00:06:55.830 --> 00:06:56.831
emprisonné dans la chair,
220
00:06:57.191 --> 00:06:58.572
tandis que l'enquête s'essoufflait.
221
00:06:59.012 --> 00:06:59.953
Deux ans passèrent,
222
00:07:00.293 --> 00:07:01.394
et la piste refroidit,
223
00:07:01.714 --> 00:07:03.556
jusqu'à ce que l'usine se remette à murmurer.
224
00:07:03.776 --> 00:07:04.056
Henri,
225
00:07:04.576 --> 00:07:06.298
l'homme bourru de ce déjeuner fatidique,
226
00:07:06.718 --> 00:07:08.580
s'effondra dans une insuffisance rénale,
227
00:07:08.980 --> 00:07:11.582
ses entrailles se liquéfiant sous les machines de dialyse.
228
00:07:11.762 --> 00:07:12.563
Un autre ouvrier,
229
00:07:12.863 --> 00:07:13.383
Étienne,
230
00:07:13.804 --> 00:07:15.045
vingt-six ans et audacieux,
231
00:07:15.465 --> 00:07:19.268
se plia en deux sous des douleurs stomacales si féroces qu'elles le mirent à genoux.
232
00:07:19.708 --> 00:07:20.989
Personne ne relia les points,
233
00:07:21.269 --> 00:07:23.151
la maladie était la malédiction de l'usine,
234
00:07:23.471 --> 00:07:24.412
un fléau banal.
235
00:07:24.752 --> 00:07:28.454
Jusqu'à ce qu'Étienne s'asseye dans la salle de pause un jour de mai 2018,
236
00:07:28.894 --> 00:07:30.014
dépliant son sandwich.
237
00:07:30.495 --> 00:07:32.936
Une poudre fine et argentée saupoudrait le pain,
238
00:07:33.416 --> 00:07:36.077
scintillante comme les yeux de quelque chose tapis dans l'ombre.
239
00:07:36.457 --> 00:07:37.118
Il se figea,
240
00:07:37.578 --> 00:07:38.418
le cœur battant,
241
00:07:38.778 --> 00:07:39.699
et appela la police.
242
00:07:39.919 --> 00:07:42.300
La piste mena à une maison à la périphérie de Rouen,
243
00:07:42.740 --> 00:07:44.861
une relique affaissée de pierres et de secrets.
244
00:07:44.981 --> 00:07:45.601
À l'étage,
245
00:07:45.961 --> 00:07:46.922
tout était ordinaire.
246
00:07:47.302 --> 00:07:47.922
Rideau fané,
247
00:07:48.363 --> 00:07:49.243
fauteuil grinçant,
248
00:07:49.503 --> 00:07:51.504
mais le sous-sol était une plongée dans la folie.
249
00:07:51.744 --> 00:07:54.386
Une table métallique luisait sous des ampoules vacillantes,
250
00:07:54.807 --> 00:07:56.588
jonchées de béchés et de balances,
251
00:07:56.968 --> 00:07:58.430
tandis que des étagères s'élevaient,
252
00:07:58.830 --> 00:07:59.711
chargées de bocaux,
253
00:08:00.031 --> 00:08:00.632
confitures,
254
00:08:00.672 --> 00:08:01.232
peintures,
255
00:08:01.592 --> 00:08:02.213
mayonnaise,
256
00:08:02.573 --> 00:08:04.895
remplies de liquides scintillants comme la mort liquide.
257
00:08:05.115 --> 00:08:05.676
Mercure,
258
00:08:05.996 --> 00:08:06.356
plomb,
259
00:08:06.757 --> 00:08:07.297
cadmium,
260
00:08:07.597 --> 00:08:10.099
un bouillon de sorcière plus létal que le gaz moutarde,
261
00:08:10.440 --> 00:08:12.021
concocté par un esprit dérangé.
262
00:08:12.421 --> 00:08:14.223
L'architecte de cet enfer était Marcel,
263
00:08:14.663 --> 00:08:16.885
le géant silencieux du dernier repas de Julien.
264
00:08:17.125 --> 00:08:17.806
Pendant des années,
265
00:08:18.226 --> 00:08:20.028
il avait acheté des produits chimiques en ligne.
266
00:08:20.368 --> 00:08:24.611
les mélangeant dans son antre souterrain et les saupoudrant sur la nourriture de ses collègues.
267
00:08:24.811 --> 00:08:26.953
Un alchimiste de l'agonie testant son art.
268
00:08:27.173 --> 00:08:29.714
Les céréales de Julien avaient été saturées de mercure,
269
00:08:29.915 --> 00:08:32.396
un poison lent transformant son corps en mausolée.
270
00:08:32.616 --> 00:08:34.298
Les sandwiches d'Étienne portèrent du plomb,
271
00:08:34.758 --> 00:08:37.300
les repas d'Henri un cocktail de cadmium et de mort.
272
00:08:37.460 --> 00:08:39.381
Marcel ne dit rien quand ils l'emmenèrent,
273
00:08:39.801 --> 00:08:41.683
son haussement d'épaule un dernier défi.
274
00:08:42.203 --> 00:08:43.584
En mars 2019,
275
00:08:43.984 --> 00:08:45.405
il fut condamné à perpétuité,
276
00:08:45.965 --> 00:08:47.447
bête en cage mais sans remords.
277
00:08:47.887 --> 00:08:49.408
Julien mourut dix mois plus tard.
278
00:08:49.708 --> 00:08:51.570
Trois ans prisonniers dans son propre crâne,
279
00:08:51.970 --> 00:08:53.471
Étienne et Henri subsistent,
280
00:08:53.812 --> 00:08:56.214
leur corps marqué par le baiser persistant du poison.
281
00:08:56.714 --> 00:08:58.376
Mais l'usine tient toujours debout,
282
00:08:58.856 --> 00:09:02.680
ses murs murmurant d'une chose plus ancienne qui a éveillé la faim de Marcel.
283
00:09:02.940 --> 00:09:06.943
Certains disent dès que la poudre n'était pas que chimique qu'elle portait le goût du vide,
284
00:09:07.384 --> 00:09:09.786
une faim venue d'ailleurs qui se nourrit de chair et d'âme.
285
00:09:09.946 --> 00:09:11.708
Et dans la salle de pause tard la nuit,
286
00:09:12.108 --> 00:09:14.190
le frigo ronronne une chanson gutturale,
287
00:09:14.590 --> 00:09:16.532
attendant le prochain à s'asseoir et manger.